samedi 23 août 2014

Trois ans, huit mois et deux jours.

C'est le temps qu'il m'a fallu pour reprendre l'écriture dans ce blog qui n'a jamais aussi bien porté son nom.
Trois ans, huit mois et deux jours, à me faire ma place au soleil, à coups d'efforts surhumains, d'accomplissements divers, d'échecs multiples et de succès arrosés.

J'ai laissé tomber ma vie de gosse de riche, arrêtant progressivement de taxer mes géniteurs à mes vingt-trois ans (un peu tardif, je sais). Il m'a fallu une année entière pour oublier mes habitudes d'imbécile heureux. C'était peut-être l'une des expériences les plus difficiles de ma triste vie.
Je me suis essayé à de nouvelles études avant de vite déchanter. Trop de forme et aucun fond. Aucun débat possible avec des professeurs parfois imbus de leurs personnes, parfois incultes et des fois imbibés. J'ai décidé de revenir à mes premières amours, à savoir, l'université privée.
J'ai eu une relation durable qui a vite viré au drame mais dont je n'ai regretté aucune seconde tant elle m'a marqué.
J'ai pris une certaine indépendance, malheureusement encore inachevée. J'ai reçu tant d'offres, mais aucune qui ne vaille la peine d'être acceptée.

J'ai retrouvé un ami perdu de vue, qui avait un rêve complémentaire du mien. Il m'a accompagné dans chaque pas de ma vie professionnelle. Je l'ai soutenu dans chaque pas de son rêve d'entreprendre. Nous avons, à nous deux, créé une entreprise viable, dont il est le propriétaire et dont je suis l'employé. Et pas n'importe quel employé. Le freelancer à l'année. Directeur en freelance... Je pense qu'un poste est né.
J'ai poursuivi un rêve et je l'ai atteint. J'en ai fixé de nouveaux, que j'ai atteint aussi. J'en fixerai bientôt d'autres, que j'atteindrai sûrement, et ainsi va la vie, dans ce pays où se faire sa place au soleil sans détruire autrui relève du parcours du combattant. J'ai beaucoup gagné à la loyale. J'ai beaucoup perdu, parfois à la loyale et parfois non. L'essentiel est de ne jamais avoir perdu sans avoir réellement bataillé.
Cet ami m'a tant de fois demandé d'investir dans ce projet. Malgré le fait que j'y ai cru dur comme fer dès les premiers jours, je ne suis pas homme à me laisser enchaîner. L'investissement a été mental, corporel, humain, surhumain, inhumain, mais ne sera jamais financier.
J'ai tant de fois pensé à chercher un poste ailleurs, à faire six heures de travail quotidien et non plus seize. Mais non, l'acharnement reprenait le dessus et le désir de batailler revenait plus fort encore.
Nous avons réalisé tout ce que nous comptions faire au jour de nos retrouvailles. Il a eu son entreprise, au capital fort respectable, à la réputation sans tâches et aux compétences avérées. J'ai eu un parcours à en faire pâlir d'envie beaucoup de ces personnes qui se prennent pour des sommités. En deux ans de travail effectif, j'ai fait ce que d'autres n'auraient peut être pas fait en dix années de carrière, et j'en suis heureux.

J'ai rêvé de quatre grands projets. J'en ai réalisé six, le septième est en cours et le huitième est pour la fin de l'année. Je ne pouvais être plus heureux de ce que j'ai accompli. Et quand mes rêves se réalisent, je me surprends à rêver toujours plus grand.
Bizarrement je n'ai pas rêvé entrepreneuriat, non pas que je ne veuille pas finir mes jours à claquer des millions aux quatre coins du monde, mais pour éviter la paperasse et ses emmerdes. Quand tu vis en Tunisie et que l'on te donne le choix entre vivre sous un pont et subir l'administration, si tu as assez de jugeote, tu optes pour le carton et le chien errant.
Autre fait qui a fait ma fierté : Je n'ai fait appel à aucune de mes relations pour en arriver où j'en suis là. Je ne dois rien à personne et c'est tout ce qu'il me faut pour m'allonger dans mon lit, à défaut de dormir, et de me sentir fier de moi, chaque soir plus que le matin et chaque matin plus que la veille.

De mes amis, je n'ai gardé que ceux qui comptaient ; E. et ses blagues pourries que tout internaute qui se respecte se doit d'aimer, N. et cet amour avorté, A. et cette attirance avérée, O. et son exil prolongé, G. et ses aventures allemandes, et personne d'autre ou presque.
J'ai aussi connu quelques personnes qui pourraient occuper de plus en plus d'espace dans ma vie, si elles s'avèrent être aussi fiables qu'il ne m'a semblé. Il faudrait d'ailleurs que je libère quelques moments pour les revoir avant qu'ils n'oublient m'avoir un jour croisé.

J'ai été demandé en mariage à trois reprises, par trois jeunes demoiselles différentes. J'aurais bien accepté rien que pour les remercier pour le sentiment de surprise que ça a suscité en moi. Je peux dire que je suis l'un des rares mâles à savoir ce que cela fait de se voir demandé en mariage... Trois fois ! Expérience pleine d'émotions. à revivre... Des volontaires ?

J'ai eu une nouvelle nièce, tout aussi sublime que la première. Une pierre brute au caractère bien trempé. Si ma soeur, qui malgré sa beauté partage une bonne partie de mon patrimoine génétique, a réussi à avoir des enfants d'une telle beauté, j'ai peut-être encore mes chance pour enfanter autre chose que des poux ayant mes traits.

Bref, durant ces trois ans, huit mois et deux jours, j'ai vécu. J'ai vécu et j'ai réussi à me créer la vie rêvée. Ou du moins, à en créer les prémices. J'ai joué gros, perdu gros et énormément gagné. L'histoire continue. Je vous donne donc rendez-vous dans quelques années. peut-être que je vous annoncerai des nouvelles un peu plus délirantes. Qui sait ?

NB : Toutes ces rimes lourdes et dégueulasses ne sont pas faites exprès. Trois ans, huit mois et deux jours de rouille marquent tous ceux qui n'ont pas ou plus écrit de choses sensées pendant un aussi long moment. Soyez indulgents... Ou pas... Je m'en branle un peu au final !

Ok, ok, je publie. Fais chier, Kenza !

mardi 21 décembre 2010

Tunisie, je brûle de désir pour toi.

En augmentant le prix du carburant, l'état souhaitait-il priver les chômeurs de feu-de-joie ?

Quoiqu'il en soit, un jeune a résisté et s'est démené jour et nuit à vendre tout ce qui pouvait être vendu pour obtenir un crédit, acquérir un litre d'essence et s'immoler sous les regards des siens. Ah ces jeunes, ils ont toujours eu le feu au cul. Mais là, une faction radicale a placé la barre un peu plus haut.

D'après les médias officiels, ses derniers mots auraient été "Tunisie, je brûle de désir pour toi".
S'il avait dit "Je bous de désir", aurait-il fait un excellent ragoût ? Nous ne le saurons jamais.

Tout ce que nous savons c'est que les autorités s'intéressent désormais de très près au phénomène de mode de la combustion semi-spontanée qui trouve ses racines dans l'amour de la patrie et le bonheur du presque-plein emploi. Mais certains persistent à penser que, si cet homme a choisi de s'immoler, c'est bel et bien à cause de sa région d'origine où l'agriculture est l'un des piliers de l'économie et le barbecue une tradition séculaire. Ils tirent donc la sonnette d'alarme et craignent que le patriotisme des jeunes de la capitale ne s'exprime de manière quelque peu surgelée. Certains députés conseillent même de limiter, pour un moment, la vente de glace alimentaire aux entreprises seulement, ce qui a causé l'indignation des dirigeants de la SFBT et de la SONOBRA.


Déclaré Mort, envoyé spécial à Sidi Bouzid.

dimanche 12 décembre 2010

Perle rare.

En vue de relation extra-conjugale durable : 

Jeune homme de 22 ans cherche salope de la pire espèce. Pratiquant deux prières et demi par jour. Craignant dieu 3 jours par semaine. Avec un sérieux penchant pour la bouteille. Etudiant la pharmacie ou y travaillant. Ayant une certaine expérience dans la préparation de substances illicites dans l'arrière boutique.


Âge entre 20 et 55 ans.

vendredi 10 décembre 2010

Vive l'invasion !

- Pourquoi es-tu si indifférent au sort des Palestiniens ? De quel droit oses-tu dire que l'occupation est une bonne chose ? Ne vois-tu pas les morts et la misère qui en découle ?

-- Je ne suis pas indifférent au sort des palestiniens. Je les envie !
Soixante ans qu'ils ont des rêves de liberté, d'indépendance et de grandes choses. Soixante longues années qu'ils se battent pour un idéal, qu'ils imaginent les frontières de leur état. Six décennies qu'ils rêvent de paix et de démocratie. Leurs morts sont des héros. Leur cause est devenue celle d'un milliard d'impotent. Des rêves de liberté, ils en ont et ils en créent. Crois-tu qu'ils l'obtiendront une fois les colons boutés ? Jamais !
Si il y a bien une chose qui fait d'eux des privilégiés, malgré les souffrances et les exactions, malgré le blocus et l'instabilité, les attaques et tueries, c'est bien ce rêve de liberté. Il est facile d'en avoir quand l'étranger t'opprime, mais presque jamais quand ce sont les tiens qui le font aussi bien. Quand le territoire occupé se transformera en état policier, certains regretteront d'avoir tant haï leur seule source d'illusion.
Je ne suis pas pro-Israëlien, l'ami. Je suis le plus fervent des pro-Palestiniens. Je souhaite que ce peuple garde espoir en un avenir meilleur. Je souhaite qu'il préserve ses rêves, qu'il continue à se battre... sans jamais gagner.

Telle est la recette du bonheur.

samedi 4 décembre 2010

Ne tirez pas sur le messager...

...Contentez-vous de l'égorger. Vous économiserez une balle.

Dire la vérité est depuis longtemps un crime. Masquer ses pensées derrière un voile de boniments acceptables aux yeux de l'interlocuteur est une obligation. C'est même l'une des premières choses que l'on nous apprend.
"Non mon chou, - ah ! qu'ils sont mignons à cet âge là - tata bidule n'est pas grosse, elle est juste un peu enveloppée". Et puis quoi encore ?  Elle n'est pas moche, elle a simplement un physique atypique ?
Pas étonnant que l'univers soit plus un amas de mensonges que de galaxies.
Logique qu'une éducation pareille fausse les propos au lieu de les modérer. La modération est un art que peu de gens maîtrisent.

Voilà pourquoi le messager se fait toujours empaler : Les messages étant transmis à travers un tiers, la parole est souvent plus débridée, la part de vérité est plus importante et la victime autre que le destinateur. C'est bien pour cette raison que je pensais publier cet article sur le blog de E. Il n'en serait que plus crédible.

Et puis merde, ils ont censuré son blog ces fils de putes !

vendredi 3 décembre 2010

Partir c'est mourir un peu...

...Ou pas.


J'ai tellement pris l'habitude de déménager que partir est devenu synonyme de vivre, et vivre n'a plus rimé avec contact humain. Vivre dans autant de villes m'a donné l'avantage de pouvoir nouer des amitiés véritables et tout autant de conflits en un temps record. Énorme avantage, non ? 


Pour être franc, je n'ai jamais vraiment fréquenté les gens. Ils représentent généralement une alternative à la solitude que j'aime tant, mais dont je désire m'extirper de temps à autres. Ils ne sont que le lien que je tisse avec la réalité que je fuis d'habitude. Ils ne sont là que pour me rappeler qu'en dehors de mon monde où je me plais tant, il en existe un autre fait de compromis, de concessions et d'images à préserver. Pour résumer, les gens n'existent que pour ces jours où je ne souhaite pas boire en solitaire. Les croiser au hasard des longues marches n'est rien d'autre qu'une distraction parmi tant d'autres, une manière de tuer dix minutes de son temps à discuter en vain avec une personne dont les nouvelles ne nous intéressent pas; deux heures si elles nous intéressent. 


Attention, n'allez pas jusqu'à me taxer de misanthrope. Je ne le suis pas. J'ai juste laissé derrière moi tous ceux qui comptaient : certains partis trop tôt et d'autres juste exilés. Mais puisque départ rime souvent avec retrouvailles arrosées et encyclopédie d'anecdotes, il n'y a rien de mieux que de quitter son monastère, l'espace d'une halte éthylique, histoire de constater tout le chemin effectué par ceux que l'on considère siens.
Des compagnons de route je n'ai gardé que le gratin.


Partir c'est vivre au mieux, c'est changer d'univers, de fréquentations. Partir c'est réécrire sa vie, masquer ses erreurs de parcours à défaut de les effacer, car les assumer ne suffit pas à mieux se faire voir. Partir c'est se réinventer. Alors, à vos marques jeunes gens. Et n'oubliez pas de voyager léger !

jeudi 2 décembre 2010

Jeunesse éternelle.

Comme tous les jours depuis deux ans, j'ai ma petite réunion quotidienne avec les potes du paternel. Un panel de gars tout aussi drôles que cultivés, ayant pour QG un café pourri des plus populaires qui soient.
Ce qui m'a le plus étonné au premier contact, c'est de voir à quel point ces gars là sont restés jeunes alors que du haut de mes deux décennies de vie, je me fais déjà vieux et me sens grabataire.

J'envie ces gens, qui ont connu une époque où il faisait bon vivre. L'époque où la Tunisie était un bar géant et l'éveil culturel et politique était en voie de généralisation. j'envie ces gens qui ont vécu l'ère des Jazz Clubs, des grandes manifestations, des idéologies ouvertement affichées et des trente glorieuses à la Tunisienne.
Ils me parlent d'un temps que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître. Les soixante ans, je les ai, c'est pour cela qu'ils m'ont si bien accepté et qu'ils me retiennent une chaise chaque soir.

Ce qui m'a le plus marqué dans nos débats, c'est bel et bien leur optimisme hérité des années soixante et soixante-dix. Cet héritage d'une époque où rien n'était impossible. Une époque où les réformes étaient le plus souvent bénéfiques et les idées autres qu'illusoires. Ce qui les a frappé chez moi, c'est mon pessimisme si bien ancré, simple résultante d'une jeunesse vécue dans le désert culturel, social et politique qui n'a engendré qu'ignorance, repli sur soi et fuite en avant. Je n'y ai échappé que grâce à une éducation faite maison, seul moyen de sortir du marasme intellectuel étatisé.

J'admire tant leur vision de ce monde, mais je ne l'adopterai jamais. Ces gens ont tari la fontaine de jouvence. Nous avons tari les flots de l'espoir. Nous avons perdu  la notion de contestation.

Et toi l'ami ? Quel âge as-tu ?